Loket, ville-rocher

Imaginez un trou entouré de petites montagnes, une rivière large qui fait le tour de ce trou et au milieu, une ville plantée dans les rochers. Vous êtes à Loket, à quelques dizaines de kilomètres de la célèbre ville thermale très appréciée des Russes Karlovy Vary. Si vous regardez les émissions Faux Raccord d’Allociné, vous savez que c’est dans ces deux villes qu’ont été tournées les scènes de Casino Royal qui se déroulent soit-disant au Monténégro. Et si vous lisez cet article, vous saurez pourquoi ça vaut le coup d’aller passer un week-end à Loket.

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Loket est une petite ville très calme (en dehors de la saison touristique) entourée d’eau et de petites montagnes quadrillées de sentiers de randonnée et de points de vue superbes. C’est aussi une ville que Goethe appréciait particulièrement et où il a fréquemment séjourné. Si ni l’aspect poétique, ni la perspective des longues randonnées au coeur de bois ne vous inspire, sachez qu’il y a aussi un château, avec un dragon et des cachots lugubres.

Pas si facile de se rendre à Loket depuis Prague : il y a bien une gare, mais pour y arriver il faudra beaucoup de patience et un certain nombre de changements. Reste l’option bus, que nous avons retenue. Comment vous dire… Vous vous souvenez du bus scolaire pour aller à la piscine ? Eh bien c’est le même, sauf qu’au lieu de seulement traverser la ville, vous traversez tout le pays. C’est culturel : ici les lignes de bus sont beaucoup plus développées et souvent plus rapide que le réseau ferré.

Bref, arrivée à Loket sans encombre et premier aperçu de la ville de nuit. On ne regrette pas le voyage.

Bref, arrivée à Loket sans encombre et premier aperçu de la ville de nuit. On ne regrette pas le voyage.

Logés pour pas grand chose dans un hôtel trois étoiles de la place centrale – à Loket il y a la grand place, deux rues qui descendent jusqu’à l’eau et trois rues qui montent jusqu’au château. Petit mais cosy. En face de l’hôtel « Cheval Blanc » dans lequel est exposé un buste de Goethe (parce que c’est là que descendait Goethe à chacune de ses visites) se trouve le restaurant Goethe. Dès les premiers pas dans la ville on se rend très bien compte de sa proximité avec Karlovy Vary qui en fait une destination touristique très prisée des Allemands et des Russes pendant l’été. Il y a presque autant de restaurants/bars/cafés à Loket que d’habitants. Pourtant les prix (à moins qu’ils ne les changent à partir de mai/juin) restent ceux d’une petite ville de province tchèque. Autant vous dire qu’on a bien mangé au restaurant Goethe, avant de partir se promener dans la ville, où se trouve une statue de Goethe.

Loket est une ville-rocher. C’est-à-dire qu’on dirait vraiment que des Tchèques sont arrivés, ont trouvé l’endroit pas mal et ont décidé d’y planter leurs maisons et leur château. D’ailleurs, l’endroit leur a tellement plu que c’était même une ville royale depuis sa fondation au XIIe siècle jusqu’à la guerre de Trente ans (je vous épargne le cours d’histoire, vous en saurez un peu plus ici). C’est assez flagrant lorsqu’on regarde le château, et lorsqu’on se promène dans ses ruelles escarpées et abruptes.

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Le château, justement. J’y viens : une bonne femme très accueillante à l’accueil, qui a fait l’effort de me parler clairement et pas trop vite pour s’assurer que je comprenne bien tout (c’est suffisamment rare pour mériter d’être souligné). L’endroit n’est pas très grand, mais très profond. On s’en rend bien compte lorsqu’on descend dans le musée de la torture. Un classique touristique dans tous les pays, mais avec cette particularité qu’à Loket le château avait de véritables cachots et qu’ils ont bien été utilisés plusieurs années comme prison. Les reconstitutions de corps en décomposition ou de scènes de tortures ont donc de saisissant leur emplacement dans d’anciennes geôles froides, humides, moisies, dans lesquelles on descend sur à peu près quatre étages (après les escaliers étaient fermés, mais je suppose qu’ils vont presque jusqu’au niveau de l’eau).

Sinon, il y a aussi une exposition de porcelaine. Non, l’intérêt du château est son architecture et son point de vue culminant sur la ville et les montagnes qui l’entourent. Il y a évidemment une grande tour avec des escaliers pas rassurants pour ça, et tout en bas de ces escaliers, il y a le dragon de Loket. Apparemment c’est un gentil dragon qui aide les femmes au foyer à allumer leurs feux de cuisine. En tout cas il règne véritablement sur un petit trésor, vu le nombre de pièces éparpillées au sol, lancées là par des touristes supersticieux. Donc, ça vaut vraiment le coup. La promenade dans les petites ruelles escarpées et abruptes sus-mentionnées vaut aussi son pesant de knedlik, car la ville réserve, en plus d’une belle architecture et d’une très belle église, une surprise intéressante. Représentez-vous bien cette petite ville qui vit du tourisme et qui, donc, entretient avec un soin particulier ses bâtiments, ses monuments et ses maisons (au moins autour de Masarykovo Naměstí, la place principale). Imaginez maintenant tomber en plein milieu de cette jolie ville sur ça :

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Le bâtiment en ruine fait son petit effet. Nous avons pris le temps de l’examiner sous toutes les coutures, à défaut de chercher à entrer par les fenêtres obstruées par des planches en bois. On en voit déjà pas mal de l’extérieur : un immense bâtiment de deux étages plus des grandes caves obscures complêtement à l’abandon. On y imagine très bien des projections de cinéma et des concerts, où les bureaux et la salle de réception de l’ancienne mairie. Après quelques recherches, il s’avère que ce bâtiment est un centre culturel laissé tout bonnement à l’abandon. Et qui donne maintenant des envies de bricolages.

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Après tout ça il vous restent quelques heures de déambulations au bord de l’eau, sur les berges, sur les ponts, dans les montagnes de l’autre côté de la rivière. Il y a un chemin qui fait presque tout le tour de la ville, un sentier minuscule à flanc de montagne qui monte très haut et qui vous fait même traverser la roche. Vertigineux, je vous préviens. Evidemment c’est ce moment qu’a choisi la batterie de mon appareil photo pour se décharger entièrement. Retour en bus sous un soleil radieux, juste assez chaud pour se laisser tenter par une bière dans notre parc habituel.

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