Sparta VS Bohemians : le derby, la pluie et la bière

Impossible de quitter la République tchèque sans aller voir au moins une fois un match de foot. Et comme par hasard, à quelques semaines de mon départ j’emménage juste à côté de la Generalni Area, le stade de l’AC Sparta Prague, club de football considéré comme étant celui des « ouvriers » par opposition à l’AC Slavia Praha, le club de « l’élite ». Et comme par hasard, il y avait un match samedi dernier contre les Bohemians, encore un club praguois mais de moins grande envergure, lui aussi considéré comme un club « populaire ». Sparta-Bohemians, un derby à ne pas manquer.

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Impossible d’ignorer qu’il y aura un match ce soir. Quelques heures avant la rencontre le quartier de Hradčanská et de Letná se remplissent de supporters en rouge bordeaux, parés des maillots de l’équipe et des écharpes assortis. Les premiers à croiser notre route ont toute la panoplie stéréotypée du supporter prêt à s’époumoner, et autres, pour soutenir son club favori : la panoplie aux couleurs du club, les tatouages, les piercings, la carrure de rugbymen. Ils vont rejoindre leurs collègues autour de la caisse pour la tribune officielle des supporters. La queue descend jusque sur le trottoir et il n’est que 17h30. On préfère s’éloigner et nous installer dans les tribunes latérales. Note pour plus tard : ne pas traîner en allant acheter sa bière avant la rencontre ou les places seront prises par quelqu’un d’autre et il ne restera qu’à s’installer au tout premier rang (pas top pour les perspectives et l’appréciation des distances). Aux abords du stade on croise encore un car de CRS qui fait un créneau et une patrouille de la police montée.

D’après ce qu’on m’a expliqué, même s’il peut y avoir des incidents avec des supporters tchèques, et notamment avec ceux du Sparta qui ne sont pas les plus tendres, il y a rarement de gros problèmes. Il fût un temps ou le football tchèque était considéré comme aussi violent qu’en Russie ou en Pologne, et apparemment les autorités tchèques auraient compris que d’un point de vue marketing, la comparaison n’est pas très vendeuse. Ils auraient donc mis au point leurs plans Leproux et maintenant la situation est beaucoup plus calme. Et effectivement, si le déploiement des forces de l’ordre peut paraître impressionnant à quelqu’un qui n’a pas l’habitude (moi), la rencontre a eu l’air assez calme.

Petite bière avant la rencontre, en terrasse, surveillés par un hélicoptère de la police qui multiplie les passages à partir de 18h. Les groupes de supporters continuent d’affluer vers le stade. Finalement, la moitié des 20 000 places sont restées vides. Les vacances peut-être, et la menace d’un nouvel orage (il y en a tous les soirs depuis une semaine). D’ailleurs ça ne manque pas : dès la moitié de la première mi-temps la pluie s’invite dans la partie et tous les spectateurs qui n’ont pas eu/pas pris une place abritée (nous) se mettent à chercher au mieux une nouvelle place assise, au pire une place dans les escaliers ou dans les passages qui mènent aux gradins.  La mi-temps les vide et nous en profitons pour trouver trois places au sec, en priant pour que leurs propriétaires soient dans la même situation que nous et ne viennent donc pas nous les réclamer. C’est là qu’on a eu de la chance : un rang plus haut et nous prenions la place d’un supporter très remonté (et probablement légèrement abreuvé de Gambrinus) qui s’est mis à hurler sur les spectateurs qui avaient pris sa place « Qu’est-ce que tu fais là/Montre ton billet/vas-y, vas-y/Montre ton billet/T’as payé pour cette place ?! » en boucle pendant cinq minutes, le tout entrecoupé de jurons.

En ce qui concerne la rencontre en elle-même, je vous épargne l’analyse footballistique détaillée (comme si j’étais capable d’en faire une). Toujours est-il qu’on s’attendait à une raclée pour les Bohemians et qu’en fait ils ont mené toute la première mi-temps et ouvert le score pendant que les défenseurs du Sparta prenaient des vacances. Le Sparta a quand même gagné (2:1), mais ils ont dû se faire une petite peur. Bref, ça a joué. Pas très bien, mais on ne s’est pas ennuyé. A la fin les spectateurs sont sortis en chantant l’hymne du Sparta et plein de « olé olé olé » tandis que dans les haut-parleurs on demandait à la tribune de Bohemians d’attendre un peu avant de quitter les gradins. Ambiance enjouée dans les couloirs, pas de bagarre ni d’éclats de voix… Je crois que la plus grosse effervescence est venue de la ruée vers les toilettes (on boit un peu de bière pendant les matchs, non ?). A l’arrêt de tramway, deux gamins aux couleurs du Sparta jouaient les chauffeurs de salle avec des piétons pas très réceptifs, et c’est sur leurs chants que s’est achevée cette première expérience footballistique. C’est quand la revanche ?

 

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